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TAIWAN NATURE
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TAIWAN NATURE
TAIWAN NATURE
26 août 2006

Agriculture naturelle

Agriculture naturelle, présentation

 

Voilà le mini photo-reportage sur une ferme pratiquant l’agriculture naturelle.

Les gens que j’ai rencontré est un couple avec 4 enfants. Le mari est médecin de formation, mais il y a 5 ans de ça il a décidé de devenir paysan. Il continue à exercer à mi-temps sa profession initiale tout consacrant la majeure partie de son temps à sa petite ferme, qui est plus un outil à vocation pédagogique ouvert au public qu’un instrument économique.
Ce type d’agriculture tire ses origines du Japon, actuellement à Taiwan il n’y a qu’une centaine de personnes la pratiquant.
L’agriculture naturelle est issue d’un mouvement philosophico-religieux prônant la coexistence de l’homme en harmonie avec les autres espèces animales. L’objectif est de faire en sorte que nos activités aient un impacte minimal sur les écosystèmes. Ceci dit contrairement aux bouddhistes ils ne sont pas végétariens.
L’agriculture naturelle n’utilise aucun pesticide, herbicide, ni même d’engrais. Pour cette raison les paysans naturels sont peu appréciés des syndicats et coopératives agricoles, ils sont en effet de bien mauvais clients puisqu’ils n’achètent pratiquement rien, sauf des semences fermières (rarement) et des outils. Mais alors comment font-ils pour se passer d’engrais et de pesticides ?

1/Connaissance de la biologie des êtres vivants susceptibles de s’attaquer aux cultures afin de s’en protéger s’en avoir à les éliminer directement, ni les exclure des plantations.
Par exemple la première chose qui m’a frappée en voyant une rizière gérer selon la méthode de l’agriculture naturelle c’est l’abondance d’une espèce d’escargot aquatique. Cette espèce d’escargot est considérée par les riziculteurs vivant dans les zones tropicales et subtropicales comme l’ennemi numéro. C’est un véritable fléau qui peut ruiner en l’espace d’une seule nuit un rizière entière, or dans les rizières que j’ai visitées il devait y avoir une dizaine d’individus au m², ce qui était incompréhensible, je dirais même hallucinant, dans la mesure où le riz semblait ne pas être affecté du tout par cette pullulation. J’ai donc demandé avec empressement comment ce phénomène pouvait être possible.
En fait cet escargot aquatique à deux points faibles : Premièrement, il ne supporte pas la sécheresse. Lorsque l’eau baisse en deçà d’un certain niveau il va s’enterrer profondément dans la vase, sécréter un mucus protecteur qui l’enveloppera, et rentrera dans un état léthargique pouvant durer 6 mois. L’escargot n’attendra pas que l’eau soit complètement évaporer pour s’enterrer dans la vase, il le fera dès qu'il ne trouvera plus assez d'eau pour éviter que sa coquille soit en contact avec l’air et sujet au rayonnement direct du soleil.
Deuxièmement, il ne mange que les jeunes pousses de riz, une fois que ce dernier a atteint un certain stade de développement, ses feuilles et ses tiges deviennent alors trop coriaces pour être consommées par l’escargot. Connaissant ces deux caractéristiques de la biologie de cet escargot la parade pour éviter qu’il ne mange les pousses de riz est facile : il suffit de faire baisser le niveau de l’eau de la rizière de manière à provoquer artificiellement le comportement d’enfouissage du mollusque, mais tout en gardant un niveau d’humidité suffisant pour que le riz puisse continuer à se développer normalement. Quand les escargots d’eau sont en léthargie enterrés dans la vase ils ne pourront pas s’attaquer aux jeunes pousses de riz. Et une fois que le riz aura atteint un niveau de développement suffisamment avancé pour être à l’abri des attaques des escargots on pourra alors faire remonter le niveau de l’eau de la rizière en toute sécurité. A ce moment là les mollusques sortiront de leur léthargie mais au lieu de trouver à manger de jeunes et vulnérables pousses de riz ils découvriront des feuilles et tiges de riz qui leur seront devenues inconsommables. Mais les escargots ne mourront pas de faim pour autant car s’ils ne peuvent plus s’attaquer au riz ils pourront se rabattre sur les mauvaises herbes poussant dans la rizière, ainsi ils serviront aux paysans d’agent d’entretien de la rizière en leur évitant le fastidieux travail de désherbage. (Bien que cette méthode soit très facile à mettre en œuvre et efficace, on continue encore à déverser des millions de tonnes de pesticides dans les rizières à travers le monde…)

2/Faire en sorte de fournir un environnement accueillant pour les prédateurs des animaux susceptibles de nuire aux cultures : présence de zones de friche, d’arbres, de mares et marais servant de zones d'abri à diverses espèces d'oiseaux, de serpents...

3/Travail de sélection des plants les plus vigoureux.
D’après les paysans les plantes comme n’importe quels êtres vivant sont capables de se défendre contre les agressions du milieu extérieur. Une plante saine peut résister aux attaques des parasites, or d’après ce que j’ai pu comprendre, les semences fermières que l’on se procure dans les coopératives agricoles donnent des plantes extrêmement fragiles qui ne peuvent pousser qu’avec l’aide d’engrais et de pesticides. Pour cette raison les agriculteurs naturels sont obligés de faire un premier travail de sélection afin d’obtenir des plantes vigoureuses capables de pousser et fructifier sans aucune aide.
Leur méthode est « simple » : ils plantent des semences ordinaires, et récupéreront les semences des plants les plus vigoureux, et continueront ainsi de suite . Selon les paysans il faut entre 4 à 8 générations pour obtenir des plantes capables de pousser et fructifier convenablement selon la méthode d’agriculture naturelle. Le fait de ne pas utiliser de pesticides ni d’engrais lors du travail de sélection permet d’obtenir des plantes très résistantes aux maladies et parasites, de plus présentant un réseau racinaire très développé pour capter les éléments nutritifs du sol.

Autrement voilà ce que font grosso modo au jour le jour les agriculteurs naturels pour faire pousser leurs légumes:

Si la terre est de mauvaise qualité ils laissent la friche se développer un certain temps dessus avant de la travailler. Ensuite ils désherbent mécaniquement la terre (pas d’herbicide!), la travaillent superficiellement et plantent les semences. Lorsque les pousses sortent ils continuent à désherber minutieusement afin de protéger les jeunes plants qui sont encore trop fragiles pour supporter la concurrence des mauvaises herbes, sans cela ils seraient étouffés par ces dernières (le paysan m’a dit que les mauvaises herbes seront toujours plus vigoureuses que de jeunes plants d’un légumes). Une partie des mauvaises herbes arrachées sera placée au pied des jeunes plants formant ainsi un couvert végétales, l’objectifs est triple : contrôler le taux d’humidité de la terre, servir d’isolant thermique, et enrichir la terre en se décomposant. Ainsi ce couvert végétal formé de mauvaises herbes arrachées protégera la terre du rayonnement direct du soleil tout en préservant une relative humidité, évitera un refroidissement trop important de la terre durant les nuits d’hiver en conservant une partie de la chaleur accumulée durant la journée et inversement évitera un échauffement excessif sous l’effet du soleil de l’été, et enfin en se décomposant enrichira la terre en libérant des substances nutritives. Par contre, selon le paysan dès que les plantes cultivées ont atteint un stade de développement avancé,  ce n'est presque plus la peine de continuer à désherber de manière aussi minutieuse, en effet les jeunes poussent de mauvaises herbes ont du mal à concurrencer des plants arrivés à maturité.
Pour l’anecdote le paysan m’a expliqué qu’avec leur méthode on pouvait indéfiniment cultiver une variété de plante sur une même parcelle sans jamais épuiser la terre. Les rotations sont inutiles. Il m’a dit que si les plantes épuisaient le substrat duquel elles dépendaient pour vivre il n’y aurait pas de forêts par exemple. C’est pour cela l’objectif des agriculteurs naturels est de préserver l’équilibre naturel de la terre pour que cette dernière se régénère naturellement et soit fertile en permanence comme le serait la terre supportant une prairie naturelle ou une forêt.

En conclusion on se doute que ce type d’agriculture n’est probablement pas compatible avec un système productiviste, cependant cela marche, j'ai vu de mes propres yeux ce que l'on pouvait obtenir avec ce type d'agriculture.
Le couple que j’ai rencontré cultivent seulement 7500 m², soit moins d’un hectare, et peuvent nourrir une famille avec 4 enfants avec leur production tout en ayant des excédents. Les pratiquants de l’agriculture naturelle communiquent également leur savoir en Afrique afin que les petits paysans puissent s’émanciper de leur dépendance des engrais et autres pesticides. On m’a expliqué que l’un des problèmes rencontré par les petits paysans d’Afrique est que des organisations humanitaires ou pseudo humanitaires leurs fournissent grâcieusement des semences de maïs, des pesticides, herbicides et des engrais, or si ces organisations ne continuent pas à leur fournir gratuitement ces derniers les paysans n’ont pas les moyens de se les acheter. Ils continueront donc à cultiver le maïs mais sans engrais ni pesticides si bien que ce dernier donnera de mauvaises récoltes voire carrément pas de récolte du tout. Les agriculteurs naturels leur apprennent à sélectionner le maïs et à le cultiver sans engrais ni pesticides. Les résultats ont été spectaculaires. Par exemple en Zambie dans un village, lors d’une sécheresse la parcelle de maïs cultivée selon la méthode naturelle a résisté, en revanche la parcelle de maïs cultivée de manière conventionnelle a été perdue.
Les agriculteurs naturels les encouragent aussi à cultiver des légumes traditionnels qui sont naturellement mieux adaptés aux conditions environnementales locales que les variétés commerciales vendues par les grands semenciers…



Les photos


Le départ

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Nous ne sommes pas partis visiter la ferme sans avoir au préalable pris notre petit déjeuner (désolé,  quand j'ai pensé à prendre une photo on avait déjà fini de manger!). A Taiwan il y a chaque coin de rue des commerces spécialisés dans la vente de petits déjeuners, et ceci pour pas cher. On y trouve du café frais, du thé, du lait de soja, des sandwichs divers, des omelettes...Il est inconcevable pour les chinois de partir au boulot avec juste un café dans le ventre comme c'est souvent le cas chez nous.


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Ici c'est la vue sur l'entrée principale de l'université située dans mon quartier. Photo prise du lieu où nous avons déjeuné.



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Après 20 minutes de bus nous voilà arrivés à la station de métro dont la ligne nous rapprochera de la ferme...



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Je suis entrain de recréditer ma carte magnétique de transports en commun. Ici on peut utiliser une carte magnétique rechargeable pour prendre le métro et le bus. On passe sa carte devant une borne qui débitera le montant correspondant au nombre de zones parcourues. A Paris il y a un système similaire je crois, mais la différence ici c'est que la carte est impersonnelle et ne laisse donc aucune donnée personnelle à chacun de nos passages.




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Sur le le quai...



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Dans la rame du métro...


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Paysage vu du quai  de notre station  de destination. On peut constater que le taux d'hygrométrie est déjà important...




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Après avoir pris une seconde fois le bus voilà une partie du paysage que nous avons eu à la descente...




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Sur la route en direction de la ferme...





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Sur le petit chemin menant à la ferme...


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Panneau d'accueil. Grosso modo il y a un mot de bienvenue et quelques indications nous priant de ne pas déranger la quiétude des animaux sauvages, de marcher et parler doucement...




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Au bout du chemin on aperçoit enfin un bout de la ferme...







La ferme et son environnement


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Vue sur le potager et les rizières...


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Toujours vue générale sur la ferme avec en arrière plan une chaîne de montagnes...



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Encore les montagnes...








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Vue rapprochée sur un abri servant de lieu de détente pour boire du thé, discuter...



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Une mare...


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Un marécage...



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Un gros ruisseau...




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Un petit pont...




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Vue sur la campagne...




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Chemin de pierre. Dans les montagnes à Taiwan il y a des centaines kilomètres d'anciens sentiers dallés de cette manière. Certaines pierres doivent allègrement dépasser les 100 kilos, je n'ose pas imaginer la dureté du labeur des ouvriers de l'époque...rappelons aussi que même à l'heure actuelle certains de ces sentiers sont inaccessibles à tout véhicule quelqu'il soit, donc les gars transportaient sur des kilomètre et des kilomètres à dos d'homme et de bestiaux ces grosse pierres.




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La ferme. En réalité le couple de paysans n'habite pas ici, le confort étant plus que spartiate en particulier l'hiver, ils ont un appartement pas loin en ville. L'enfant au fond est une de leurs deux filles.





Les cultures



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Une rizière...Pour l'anecdote la récolte du riz se fait sur une rizière à sec, pour cela les paysans assèchent les rizières quelques jours avant la récolte grâce à un système de petits canaux qui permet de contrôler le niveau de l'eau.


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Les escargots aquatiques mangeurs de riz, ennemis jurés du paysan, mais qui font le joie du riziculteur adepte de la méthode naturelle d'agriculture...





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Plantation d'haricots rouges (haricots adzuki)


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Sésame...




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Ma femme au milieu des haricots géants...



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Moi au milieu de nulle part...


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Encore ma femme, cette fois au milieu d'une plantation d'une variété de courge...



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Potager laissé en friche en attendant la saison pour planter les légumes d'hiver.


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Patates douces...


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La volaille...









Au boulot

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Entrain de battre le riz.




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Vue sur la batteuse. On peut voir qu'il y a une sorte de rouleau avec planté dessus des clous en forme de U. On appuie contre les épis de riz, les grains tomberont dans le receptacle en bois. Le tissu autour sert à récupérer les grains projetés vers l'extérieur.

Vidéo: http://www.youtube.com/watch?v=eDvjoCc27c8


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La récolte du jour: 10 sacs de riz.



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Riz en train de sécher dont les semences serviront pour les prochaines plantations.




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Voilà à quoi ressemble le riz avant de se retrouver dans notre assiette.


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Entrain d'aider à la préparation du repas de midi avec les légumes que l'on vient de ramasser dans le jardin.


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Ma femme qui met aussi la main à la pâte...









Détente




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Voilà ce qu'on a mangé à midi, les légumes venaient d'être ramassés une demi heure avant.


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Un de leur deux chiens



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Ah! Ah! Curieux l'animal!


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Les gosses jouant avec moi. Le gamin perché sur mes épaules est autiste, son truc préféré c'était de me grimper dessus en essayant de se percher la tête en bas, en gesticulant dans tous les sens pendant que moi je faisais en sorte à contrôler ses mouvements pour qu'il ne tombe pas...au bout d'une demi heure de ce jeu j'étais crevé!!!



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J'aime bien cette photo. Profitant d'un moment de répit durant lequel le gosse s'était enfin arrêté de gesticuler dans tous les sens je regardais l'oeil hagard le paysage, curieusement le gamin avait une expression similaire sur son visage...



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Voilà le genre de petit criquet que l'on trouve dans le coin, à peine plus gros qu'un pouce pas de quoi paniquer...



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Pour clôturer une journée bien chargée nous sommes allés dîner dans un resto près de chez nous (soit dit en passant ce repas à coûté seulement 3.6 euros, pas besoin d'être riche pour se taper un bon resto à Taiwan.)





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Commentaires
P
encore une super information! merci pour cet article vraiment intéressant, je vais également me renseigner sur l'agriculture naturelle et essayer de visiter cette petite ferme intelligente si près de Taipei. jespère juste ne pas déranger ces gens. Savez-vous s'ils ont l'habitude de recevoir des gens ou cets juste par connaissances? parlent-ils un peu d'anglais?
F
Et bien écoute Coline je ne vois pas trop comment je peux t'aider!<br /> J'ai fait une petite recherche et j'ai trouvé ça qui pourrait t'aider pour ton travail:<br /> <br /> http://www.citerre.org/fukuokamct.htm<br /> <br /> Je ne sais pas en Suisse mais en France il y a quelques personnes pratiquants l'agriculture naturelle mais certaines d'entre elles qui s'étaient organisées en association ont été persécutées par les autorités car assimilées à un groupement sectaire (en France il ne faut pas grand chose pour être suspect) donc dorénavant ces gens cultivent leurs lopins de terre selon les principes de l'agriculture naturelle mais sans en faire la publicité et encore moins essayer d'encourager les autres. <br /> <br /> Bon courage!
C
Bonjour, je suis suisse, 18 ans et je fait un travail sur l'agriculture naturel... je cherche des informations et des fermes qui la pratique mais la chine c'est un peu loin pour moi, malheureusement...(:
F
Je ne sais pas si je pourrais répondre à vos question sur les insectes de votre jardin, par contre ce que je sais c'est que je saurais boire avec plaisir votre thé.<br /> <br /> Si je passe à Kaohsiung je vous avertirais (Nous ne sommes jamais allés dans cette ville, cela pourrait être intéressant...)<br /> <br /> Merci, et content que ce reportage ait suscité de l'intérêt...<br /> <br /> Franck
M
Toujours un vrai plaisir de lire ce blog!<br /> Si vous passez par Kaohsiung, surtout, venez prendre un the chez nous. On a plein de questions a vous poser sur les larves, les chenilles et les papillons qui vivent dans notre petit jardin...
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